i think life hates me ft. Lee Kyunghee

Parfois je me dis qu’il y a des clients qui ont bien de la chance de vivre dans un pays où la loi m’interdit que les frapper à coup de boule de bowling. Et là, à une heure du matin, maintenant que, après avoir viré un homme saoul qui voulait absolument aller dormir au milieu des quilles, je dois m’occuper de ses potes tout aussi bourrés qui harcèlent mes serveuses, je pense vraiment, mais vraiment qu’ils ont beaucoup de chance.

Gardant tout de même mon calme, je m’approche du petit groupe et leur demande gentiment, mais fermement, de fermer leurs jolies gueules et d’arrêter de se comporter comme des animaux. Certes, il ne reste plus grand monde à part eux, mais il reste des clients quand même, et je n’ai pas envie qu’eux ou mes serveuses passent une mauvaise soirée à cause d’eux. Évidemment, comme je suis seul, ils font comme si je n’étais pas là. J’insiste. L’un d’entre eux commence à s’énerver et veut se battre.

Long story short, je finis par appeler la police qui viennent ensuite les chercher. J’avoue que j’ai eu de la chance qu’ils aient trop bu pour vraiment pouvoir me frapper, je n’aurais jamais fait le poids à trois contre un. Je m’excuse ensuite longuement auprès des clients restants et leur offre même une partie gratuite pour quand ils reviendront en leur promettant que ce sera mieux la prochaine fois.

Il ne reste maintenant plus que mes employés et moi. Exténué, je me laisse tomber sur une des chaises du bar et me sers un verre d’alcool. Après ce qui s’est passé ce soir, je pense que je l’ai bien mérité. Je balaye alors la salle du regard, évaluant tout ce que j’aurai à nettoyer demain matin. Le bilan est plutôt positif, le groupe d’ivrognes ont fait beaucoup moins de dégâts que ce que je pensais. Au moins on peut dire d’eux qu’ils sont propres.

Je me penche sur le comptoir en soupirant. Enfin, la journée est finie. Je peux rentrer chez moi et me reposer… But life is a bitch et elle a décidé qu’elle n’en avait pas fini avec moi ce soir. Deux minutes à peine après avoir osé penser que j’étais enfin tranquille, Kyunghee débarque, et elle n’a pas l’air d’aller bien du tout.

I'm glad I don't have to hunt my own food, I don't even know where sandwiches live.

Dans la vie de kyunghee, il y avait de ses jours ou tout allait… passablement bien: On s’entend, rien n’était parfait, mais elle s’en tirait toujours étrangement bien pour une fille qui à la malchance d’une malédiction ambulante. Bref, toujours était-il que ce jours là, rien, mais alors rien n’avait été comme prévu et ça avait été le cas depuis plusieurs semaines déjà, seulement là… ça avait tout simplement été la goutte d’eau qui avait fait déborder son pauvre vase qui tentait précairement de contenir le tout: On était venu la menacé.

Pas des petites menaces là. Non. Des vraies, avec des battes de baseball, avec des monsieurs à l’allure disco qui se croient toujours à la mode, avec leur incapacité à parler sans faire des fautes et sans être apte à prononcé un mot convenablement. C’était des bras, pas de cerveau et franchement, si au début elle avait voulu rire - oups… ce qu’il avait peut-être fait…. - lorsqu’ils lui avaient plier le petit doigt du mauvais sens pour lui faire bien comprendre qu’ils ne rigolaient pas, et que son petit doigt avait fait un craquement inquiétant, elle avait compris que ses beaux jours ou tout allait “correctement considérant que...” étaient terminés.

Les yeux larmoyants depuis plus d’une heure et deux bouteilles de soju dans le sang, Kyunghee s’était dirigé vers le seul endroit qui lui inspirait confiance à cette heure avancé de la nuit. Jay était sûrement là… oui…. Et elle avait besoin d’un autre verre… ou deux… ou trois - whatever, qu’il amène la bouteille.

Elle avait poussé la porte du bowling étrangement silencieux et s’était directement éclater en sanglot alors qu’elle marchait à l’aveuglette dans la salle - se dirigeant vers les allées glissantes plutôt que vers le comptoir: « Jaaaayyy -bbbb-b-b- jaaaayyyy » c’est tout ce qu’on pouvait entendre sortir de ses lèvres alors qu’elle continuait de sangloter, se prenant les pieds partout… et dans rien.

Elle était pleine de morve, pleine de larve, le visage bouffit, la main douloureuse. Elle avait mal au coeur, mal à l’âme: Bref, Kyunghee avait atteint une limite qu’elle ne se connaissait pas encore et, machinalement, espérant continuer de s’engourdir d’alcool, elle ajouta entre deux sanglots: «S..-so-juuuuuu, jaaayyy… sososo-ju!»

Ça allait être une dure nuit. #SorryJay

(c) SIAL ; icons sial

Bon, apparemment, vu l’état dans lequel est Kyunghee, il n’y a pas que moi qui ai passé une mauvaise soirée. D’ailleurs, je dirais même que sa soirée a probablement été pire que la mienne. Je n’avais pas besoin qu’elle vienne partager ça avec moi, mais je suis un très bon ami, et je ne peux pas la virer, elle a clairement besoin d’aide. Je ne sais pas ce qu’elle a consommé, mais je ne l’ai jamais vue dans cet état.

Je me dépêche de la rattraper avant qu’elle ne fasse la quille sur les allées glissantes et l’emmène tant bien que mal vers le comptoir pour l’aider à s’asseoir. Je colle une chaise à la sienne et m’y installe pour la soutenir. Je ne suis pas sûr qu’elle soit capable de tenir assise tant son état me paraît inquiétant. Elle ne comprend pas où elle va et les deux seuls mots qu’elle a pu prononcer jusque là sont « Jay » et « soju », alors je préfère être prudent.

« Non, pas de soju pour toi, je pense que tu n’en as pas besoin, et je suis sûr que tu le sais aussi. »

Je me demande bien ce qui a pu se passer pour qu’elle finisse comme ça. Est-ce que c’est le mec avec qui elle vit ? Il aurait fallu qu’il y aille fort… Et merde, voilà, je commence à avoir mal à la tête. Il manquait plus que ça.

Évacuant dans un soupir mes envies de juste m’endormir sur le comptoir et ne me réveiller que deux jours plus tard, je la prends dans mes bras pour la calmer et lui parle doucement : « Calme toi, respire. Tu peux me dire ce qui s’est passé ? »

» new life corp